Alors là pour moi, la féminité telle que je là voyais… c’était
les trucs faciles et à ma portée. Maquillage léger, coiffure à la « fous
moi le camps », mais un peu recherché quand même avec une ou deux déco
dans la tignasse. Une touffe de menthe aux bons endroits pour désodoriser, une
lame affutée de sabre pour ôter les poils disgracieux. Et puis d’abord, j’ai
horreur de passer trois plombes dans la salle de bain à me pommader la trogne
de pâte grasse et super odorante. Bref, je misais tout sur la tenue excentrique
et colorée !! Hé oui…. Mais non ! Et puis, faut dire que je m'en foutais un peu aussi...
J’ai eu le malheur de tomber entre les mains de trois
envouteuses qui étaient bien décidées à me montrer ce qu’était réellement le « sexy »…
Au départ, je faisais ma jolie fanfaronne, grande gueule…
-Allez-
y les filles, je n’ai peur de rien !! Hahahaha, j’en ai vu de pire !
J’étais effarée par le nombre, de pots, de boites, de tubes,
d’épingles et autres engins de torture qu’elles étalèrent devant moi. J’eu une
pensée pour mon laboratoire ou toutes mes potions étaient alignées les unes
contre les autres. J’avais l’impression d’être un cobaye. Si encore, il n’y en
avait eu qu’une… Mais non, trois !! Je commençais à m’en mordre les
doigts, surtout, quand il fut question de m’allonger sur un table pour passer à
l’épilation… hein ?! Et puis là quoi ? Rhooo, ça va… je sais ce que c’est,
suis pas ignare non plus !! Mais que j’y passe… Ben je n’étais pas plus
prête que ça ! Les filles m’avaient sorti le grand jeu…
-
C’est tout à base de plantes ! Tu sais les
vertus de la lavande, du miel et tout ?
-
Ben vi !
-
Donc, tu n’as pas peur, c’est bon pour ta peau.
Splash ! et vas-y que je t’étale à la truelle, une pâte
chaude… voir bouillante sur les pattes. Soulagée, même pas mal… ARRRRGH !
Pu(biiiip) …. de bord(Bipppp)…. De merd(biiiibiiiip). La première bande venait
d’être arrachée. J’avais l’impression de la peau était partie avec ! Les
trois me regardaient d’un air vainqueur ! J’te leur collerais une taloche
que ça me soulagerait, « yeux de velours » s’en aperçut et décida de
me talquer tel un poupon avant de récidiver. Mouais ! Comme si ça faisait
moins mal !! Quand elles décidèrent d’attaquer les aisselles, j’ai cru que
j’allais rendre l’âme et leur faire rendre gorge pour la douleur occasionnée. Le
fameux « Faut souffrir pour être belle » apparut et je l’entourais d’une
bordée de jurons bien sentis et colorés. Pétasses, je vous hais !!!
Pas le temps de m’en remettre, que je me retrouvais assise
dans une chaise, avec une qui s’occupait de mes mains, une de ma tignasse et l’autre
de mon visage. J’étais écartelée ! la tête en arrière par saccades pour
dénouer mon nid de pie, le visage qui disparaissait sous les coups de pinceaux
et de poudre, (j’en profitais pour éternuer à répétitions) et les mains dont on
me triturait les ongles. Je n’en revenais pas, je voyais les boites que l’on
ouvrait, les outils de torture qui s’empilaient étincelants, j’avais l’impression
de faire partie d’une recette de cuisine.
-
Un peu de ça… Une touche de ça ! Un peu d’ombre,
un peu de clair…
-
Une touche gel par ici, une crème par là…
-
Une boucle par là… Une épingle ici…
Elles géraient leur petite affaire à la perfection, se
permettant même le luxe de faire des pauses pour papoter… Je pensais en
profiter pour moi aussi me prendre un pause bien méritée. Que dalle !!
-
Ne bouge pas !!
Comment ça, ne bouge pas ! J’ai l’impression d’être un papillon
épinglé ou une mouche éclatée sur une vitre. Un sale torticolis me menaçait de
son emprise.
Trois heure plus tard (et croyez moi bien, que c’est
vachement long).
-
Ayééééé ! on a finiiiii !!
-
Ben c’est pas dommage !
Mes trois ensorceleuses se congratulaient mutuellement…
-
T’as vu là ?
-
Haaaan superbe !
-
Rhoooo c’est magnifique !!
-
Ben dis donc… ça la change hein ?
Je grommelais, j’étais ankylosée et me demandais bien
comment j’allais pouvoir me relever. Dès que je bougeais la tête, je sentais
des trucs qui bougeaient dans tous les sens. En jetant un coup d’œil sur mes
mains, je vis mes ongles brillants et colorés. Grand Dieux ! qu’avaient-elles
fait de moi ? elles m’apportèrent un miroir en pied qu’elles posèrent
devant moi….
-
Tadaaaaaaa !
…
-
Ben quoi ?
T’aime pas ?
-
Heu… Si…
Pomponnée, des yeux agrandis, une bouche divine… une
coiffure digne de Scarlette, faite de frisotis, de mèches ondulées et
travaillées… Des mains aux petits oignons (douces et colorées)… De sorcière, j’étais
passé à princesse… (pourvu que je me mette à péter des paillettes !!)
Allez, elles l’avaient bien mérité… Je leur claquais une
bise chacune. Je me sentais divine !
(Bon le lendemain au réveil, forcément… je déprimais grave…
Mon heure de gloire était passée, j’étais revenu petit canard…)
A
mes trois ensorceleuses !!