samedi 22 septembre 2012

LA CRISE


 
Paraît que ça arrive fréquemment cette chose là... Bon on le sait dans le monde humain, les crises arrivent à tout âge... la puberté (l'âge con, débile et bêta), l'adolescence (la rébellion), la majorité (la liberté)... Et après on passe aux dizaines... la trentaine, et la pire de toute soit-disant : la quarantaine (paraît que c'est le pire moment ou on fait des caprices, on se rebelle, on veut de nouveau sa liberté... bref condensé des 30 premières années). Que le premier ou la première qui ne l'a pas vécu ou pensé me jette le premier chaudron.


Ben là, ce qu'il se passe en Pays de Féerie, ce serait plutôt la crise bicentenaire pour Elorn mon dragon. Comme si j'avais besoin de ça dans ma vie en ce moment.

Moi qui attaque allègrement la crise de la quarantaine (enfin, il paraît... dixit les trolls du coin – j'ai tout plaqué y compris mes vieux démons pour refaire à nouveau entièrement ma vie), v'là t'y pas que ce fichu dragon a décidé de n'en faire qu'à sa tête et en gros me pourrir la vie ! (remarquez, ça ne me change pas trop).


Au début, je ne m'étais pas trop méfiée, j'avais bien entendu des qu'en dirait-on, mais ne m'étais point arrêtée dessus – genre, il faut bien que jeunesse se passe (250 ans pour un dragon, c'est l'adolescence). Mais quand les plaintes ont commencées à affluer en ma chaumière, il a bien fallu que je me penche dessus.

Il y eut d'abord le berger, un chouilla énervé qui vint toquer à ma porte tôt, très tôt... 6h30 du mat. Me faire sortir de ma couche et des bras douillets de mon corsaire si tôt est une infamie qui a le don de me mettre de mauvais poil. Sauf que le brave homme en rogne, ne me laissa guère le temps de m'y mettre (en rogne). Il m'expliqua à renfort de grands gestes, que ce n'était vraiment plus possible. Devoir aller chercher ses moutons dans des endroits improbables n'était plus de son âge. Il avait trouvé un beau matin, ses belles bêtes disséminées aux quatre coins de la contrée, tremblantes, bêlantes, empilées les unes sur les autres en haut d'un pic rocheux. Lorsque j'ai demandée à ce cher Elorn ce qui l'amusait là-dedans, je n’eus droit qu'à un haussement d'épaules, une moue taquine, un regard en coin et la phrase suivante :

    • Ben quoi ? Jpeux pas faire des cairns avec des moutons ?

Que voulez-vous répondre à ça ?

Je me contentais de lui taper sur ses grosses pattes en lui faisant promettre sur tous les trolls du coin, qu'on ne l'y reprendrait plus. Là-dessus, je retournais à mes amours ardents en espérant bien pouvoir souffler un peu.

Que nenni ! C'est un face-à-face tendu qui m'attendait au détour d'un bois avec le bucheron local.

    • Dites donc, votre dragon là ? Va jouer longtemps aux mikados avec mes pins ?
    • Plait-il ?
    • Ouaip, parce que bon, au début je croyais qu'il me filait un coup de main, mais moi les mikados j'peux pas les détrouiller en claquant des doigts. M'a laissé un de ces chantiers ! Faudrait voir à le dresser votre cracheur de feu. Viens donc voir le merdier.

Effectivement, une bombe à nucléon n'aurait pu faire pire ! Un mikado géant se dressait devant moi. Elorn s'était amusé à couper les arbres les tailler en pointes et les jeter en vrac, version méli-mélo à la saveur de pin.

Bis-répétita envers le dragon, tapage sur les patuches et reproches non déguisés.

    • De toutes façons, j'ai rien le droit de faire !! pffffff : dit il en crachouillant une boule de feu qui embrasa automatiquement la gerbe de foin à proximité – foudres du paysan.



Repas aux chandelles avec mon corsaire, promesses latentes d'une soirée So-romantico-érotico-glamour... Arrrrgh douces saveurs de baisers langoureux mêlés aux fruits confits d'un dessert au chocolat.

BLONG! BLONG !

    • Ho la sorcière ? Ouvre ! On sait que tu es là !

Et meeeeerde ! Une meute de protestataires en réunion devant ma porte.

Sourire numéro un – quarantenaire adorable qui est prête à tout entendre et à arranger les choses.

    • Faudrait voir a pas nous pousser dans les limites hein !
    • Ouais, ça commence à bien faire !
    • Y'en a marre !!
    • HOLAAAAA ON SE CALME ! Quoi donc y a ? demandais-je dans un adorable battement de cils.
    • Le dragon fait encore le con !!
    • non ?
    • Si !
    • C'coup-ci c'est les meules de foin du Père Chaffoin qu'ont toutes cramées !
    • Y nous z'a dit qu'il faisait un concours de crachats !
    • Et qui qui va nourrir les brebis du Père Patin, si y a plus de foin !
    • Ho put'..... !!

La situation s'envenimait drôlement, les locaux n'avaient plus de patience, et juraient toutes leurs idoles, que le dragon allait être abattu par le dernier tueur de Draco. Ça allait chauffer pour son matricule caparaçonné. Bisous tendre et amoureux au corsaire, abordage du balai et Vol direct pour trouver le renégat qui mettait à feu et à sang (enfin presque) le pays de Faérie... Il me vit arriver de loin, et déjà se préparait à l'engueulade en bonne et due forme.

    • mais... Heu... J'ai rien fait !
    • Alors deux choses l'une Elorn, ou tu te calmes vite... Mais très vite, ou on lance à ton cul de dragon le tueur de Draco !
    • Chic !! Chic !! de l'amusement !
    • NAN ELORN ! Je ne te reconnais plus !
    • Mouiiiiii... Mais je m'ennuiiiiiiie !
    • Et ?
    • C'est quand qu'on reprend nos aventures ?