A-t-on idée de se que l'on peut entasser dans une maison durant six années lunaires ? Des trucs, des machins, des bidules... Un coup de cœur par ci, une impulsion par là.
- Hooooo j'adore ça !! Comme ça ferait bien dans mon alcôve, sur ma cheminée, dans mon entrée...
Nid à merde oui !! ça ne sert à rien ! Au début, on l'époussète avec amour et quelques temps après (quand on doit l'emballer pour déménager), on se demande bien pourquoi on a acheté une merde pareille !!
Hé ben voilà, j'en suis là !! à ouvrir mes armoires les unes après les autres, à farfouiller dans tous les coins, à ausculter chaque objet pour savoir ce que je garde et emporte, et ce que je jette sans aucun état d'âme. Je ne parle même pas de mes armoires remplies de vêtements, aussi divers que les époques que j'ai traversé ! La tâche m'écrase, les bras m'en tombent. Après l'euphorie de la grande décision : Je change de coin ; le désespoir du : Houlalala quelle idée, j'ai eu ! Quel boulot en perspective !! me prend.
Et vas-y que je fais des tas : à jeter, à donner, à garder. Ferme et déterminée ! Aucun regard de compassion pour ce que je trie... Pourtant, mes mains ne peuvent s'empêcher de saisir d'un « amour » d'objet, et mon esprit de me susurrer...
- Hooo, ça me rappelle ce fameux jour ou... Et puis, il y avait … Naaaan, je ne peux pas le jeter !
Que nenni, je jette ! Si je fais ça pour tout, je ne m'en sortirais jamais !!
Les cartons pleins s'amoncellent, j'ai fait appel à mes sorcières pour qu'elles viennent faire une brocante. Je pars, je pars, JE PARS !! J'abandonne non sans un certain regret ma chaumière paisible, mon étang où viennent s'abreuver les animaux de la forêt... licornes, trolls et sphinx, mes chênes centenaires dont un, ou je me suis retrouvé accrochée par le string suite à un vol en balai éméché ; pour un endroit un peu moins isolé mais tout aussi proche de la nature...
Mon nouveau coin de paradis est au pied d'une montagne, cerné par les moutons (à poil laineux... à poil... Oui je sais !!), et les aigles ; un coup de vent et les embruns viennent me lécher le visage, l'océan est à porté de balais. Une terrasse plein sud me promet des petits déjeuners enchanteurs (dès que cette foutue pluie aura cessée). Et surtout... surtout... ce qui ne gâche rien, je m'y sens bien !!
J'appelle à la rescousse, je compte sur mes amis de toujours pour le déménagement. Elorn mon dragon, Philibert, et Jack.
Jack se défile pour raison : d'être en Mer d'Azur en plein combat naval contre Barbe-Noire. Philibert a des soucis avec les petits et ma filleule fait déjà des siennes ; elle a décidé de faire découvrir l'apesanteur à toute sa famille ! Il ne me reste que Elorn...Qui fait la gueule quand il comprend que je vais le charger comme une vulgaire mule.
- c'est indigne de ma profession de dragon ! Et puis ne serre pas trop les cordes... Ton coffre là, il me mâche le dos... mais arrête !! n'en mets pas tant !
C'est vrai que son vol est plutôt anarchique et maladroit ! Mon balai n'est pas mieux, des sacoches (d'où les queues de casseroles ressortent) pendouillent à ses côtés. Notre arrivée à ma nouvelle demeure fait sensation ! Un dragon chargé jusqu'aux yeux, une sorcière sur un balai bringuebalant, l'atterrissage est un poil chaotique (le terrain a un sérieux dénivelé) ; la fameuse malle sur le dos de Elorn s'ouvre dans un fracas, un coup de vent bien évidement se leva... Et de ma lingerie fine et sexy s'empara... Vol au vent de dessous affriolants !
Le décor est planté, les voisins savent désormais à qui ils ont affaire !!
Belzébuth mon chat, affole déjà les minettes de coin. Je sens poindre les regards mécontents, une remarque sur l'ombre inquiétante que Elorn fait en survolant ma chaumière, les bergers s'inquiètent pour leurs moutons. Hummm, mon humour taquin prend le dessus... Je vais attendre un peu avant de leur avouer, qu'il est végétarien !
La nuit est tombée, au sommet de la montagne déchiquetée, une lueur tremblotante... Mon esprit s'apaise, je ressens l'esprit de mes consœurs qui ont péries ici par le bucher. Je vais être bien ici ….