dimanche 27 février 2011

Une sorcière sympa et bien de son temps

Une sorcière sympa et bien de son temps

Frédérique Pinson-Ibarburu a écrit les aventures de Maïa-Luna, sorcière exubérante, volage et bien dans ses baskets. photo D. G. (SUD OUEST du 25 Février 2011)

 
Frédérique Pinson-Ibarburu est une jeune femme plein d'enthousiasme et qui aime aller au bout de ce qu'elle entreprend. Après une vingtaine d'années passées dans la grande distribution, ce qui ne l'épanouissait pas vraiment, elle est revenue à ses premières amours, la création - elle est décoratrice de formation -, et plus particulièrement l'écriture. Habitant à Besingrand depuis 2007 mariée à un Basque, elle vient de publier le premier tome d'un conte fantasy « Sort-Célery, Maïa-Luna la quête ».
Ce livre, elle a mis un an pour l'écrire, en publiant des passages sur son blog (1) « pour tester », dit-elle. «L'accueil reçu m'a encouragé à continuer et, ensuite, à chercher un éditeur. » Ce sont les éditions Baudelaire qui la publient depuis novembre dernier (2). « Sort-Céleri » est l'histoire d'une jeune sorcière, Maïa-Luna, un peu « fofolle », un caractère bien trempé, des mœurs légères et n'hésitant pas à jouer de ses charmes pour tout balayer sur son passage. « Maïa, vit avec son temps, elle a même sa page Facebook ; c'est un peu moi à la rousseur près mais je suis plus sage qu'elle quand même », plaisante l'auteure. Parallèlement à cette publication, Frédérique qui a de la suite dans les idées, a déposé sa marque « Sort-Céleri » pour pouvoir en exploiter les produits dérivés qu'elle crée également, aquarelles, cartes et surtout une gamme de bijoux très originaux. Et comme cela ne suffit pas, cette infatigable créatrice est déjà à l'ouvrage pour écrire le tome II !
(1) http://sort-celeri.blogspot.com. Renseignements au 06 24 37 24 42. (2) Les points de vente où l'on peut trouver « Sort-Céleri » : Auchan La Couronne (16), Libraire Elkar - Bayonne (64), Virgin Mégastore - Bayonne (64) fnac.fr, amazon.fr et chapitres.fr. - Tarif : 15,50 €.

mercredi 23 février 2011

TAILLER UN COSTARD A CALLAGHAN


On a tous son emmerdeur de première, son grain de sable qui enraye la machine bien huilée, le bout de coquille d'huitre qui fait grincer des dents. Bref, le gros chieur de service qui pourrit la vie des autres.

Moi le mien (enfin pas que) c'est l'immonde Callaghan, le grand décideur injuste et intransigeant qui éructe ses ordres, balbutie des anathèmes à longueur de journée à celui qui veut bien les entendre (ils deviennent rares... Très rares).

Haaaa le beau métier que le sien !! Mage suprême de la cadence infernale qui annihile tous sentiments amicaux que l'on pourrait avoir l'idée, ou l'envie de ressentir pour lui.

Le matin il doit choisir son costume (de con) dans la penderie avec soin ; pour savoir si bien donner l'envie de fuir à son avancée. La fameuse grande toge violette... De grandes poches sur les côtés, dans lesquelles il loge les conneries les plus diverses :
entretien salace avec une magicienne,
    • Tu veux de l'avancement ? Ben faut voir !! T'es prête à tout ?? Vraiment tout ? Edouaaaard ?? Mon fouet !!
amendement sur vols direct en balais
    • Vous prendrez désormais des navettes les gars !! Z'êtes pas payé pour avoir un balai chacun ! Quoi ? Ça moufte dans les quartiers... Vous marcherez !
pénalités de retard pour celui qui n'aura pas rendu son rapport à J-2 secondes 

            Comment ça je te l'ai demandé ce matin ? Qui s'est le chef ?

Un soupçon de rembourrage dans le dos pour amortir la joie avec laquelle il se jette en arrière sur sa chaise après avoir copieusement injurié le premier magicien qui entre dans son antichambre pour soumettre une idée (lumineuse).
Sans oublier ses fameuses talonnettes qu'il sait si bien entrechoquer pour en faire sortir des étincelles et prouver ainsi son mécontentement. Disons surtout qu'il ne supporte pas d'avoir à lever la tête et encore moins les yeux, pour toiser (ha ben non, ça il peut pas), pour vriller son regard dans celui d'un subalterne ! Et pour parachever la tenue le spectaculaire chapeau violet sous lequel il cache les trois poils qui lui servent encore de cheveux (gras et tous collants.... Beurk).

Mais que prend-il donc à son petit déjeuner ? Du café ? Avec quoi le
relève-t-il ? De la fiente de Mouette ? Un soupçon de bave frauduleuse de vampire ? Nous supposons même que la cuillère frémit rien qu'à l'idée de plonger dans la tasse et outrage à l'argenterie finir suçotée par sa bouche. (Je laisse mon imagination courir pour avoir l'image de cette pauvre cuillère toute pantelante qui réclame grâce sur un coin de table. La tasse ne peut rien faire de mieux, tant que l'haleine du Grand Inquisiteur de sa cruauté n'a pas pris le large.)

Sur le chemin qui le mène au siège de la connerie féconde, il doit se passer en boucle, les âneries qu'il va pouvoir déballer à ses fidèles. Les ordres puis les contres-ordres qu'il va jeter aux uns, puis aux autres.
Il se frotte les mains à l'avance des discussions sans fin qu'il va occasionner par une de ses insipides décisions (insipides certes... Mais qui fait chier tout le monde).
Sur la mappemonde qu'il a sur son bureau, il rajoute des épingles partout ou il est passé et que l'herbe a trépassé.

Dans sa main de fer (moite, il va finir par rouiller), il pense tenir tout son petit monde... Mais la révolution gronde. Ses mages un à un se font la tchave et rejoigne ma cause.

CALLAGHAN ACCROCHE TOI A TON CHAPEAU... ON AURA BIENTÔT TA PEAU !!

jeudi 17 février 2011

Valentin y es-tu ??


Et voilà que ça recommence, cette foutue journée de daube !! Même les zozios s'y sont mis, les tourterelles font leur ritournelles.
Hier soir, lors de notre réunion hebdomadaire de sorcières, mes copines célibataires grommelaient à tout va...
  • Journée de merde, fête de merde !
  • Je t'en ferais moi de la roucoulade, non mais regardes-les se lécher la pomme, à croire qu'ils attendent juste cette journée pour le faire !!
Une des plus virulentes, alla même jusqu'à proposer de pourrir cette fameuse journée à certains humains... Vengeance quand tu nous tiens. Dans le monde cruel des sorcières, ce ne sont pas les bouquets de fleurs que l'on nous jette le plus.
 
Je ne dis mot, mais consens. Mon cas serait plutôt à part. Si certaines de mes compagnes sont sans le mâle. Moi, j'en aurais un poil de trop, et ne sais vraiment lequel choisir. Et si je prenais (pour la soirée) celui qui aura le plus d'originalité ?? Tiens ! Voilà une idée quelle est bonne !! Promis, juré ! Je n'aurais aucun recours à mes potions, et sortilèges quelconques. Je planque même ma boule de cristal sous le matelas, pour ne pas être tentée. Du réel, rien que vrai (du bio quoi !).
 
Le premier qui se pointe, est mon gnome de voisin. Gominé de frais, l'haleine aillée, les aisselles auréolées... Une véritable ode à l'amour !
  • Hé voisine ? On se fait une bouffe ce soir ? Toi et moi dans le noir... Slllurrrp ?
Il en bave... J'ai des hauts le cœur rien qu'à l'idée. D'un geste ferme et décidé, je lui claque ma porte au nez. Peu de temps après, un livreur de fleurs se pointe à ma fenêtre.
  • Heuuuu. M'dame, j'ai un paquet pour vous !
Une pivoine rose accompagné d'un petit mot.
Trop occupé STOP pour me déplacer STOP pensées pour toi. STOP
Ryan.
Ce maudit mage, me fait encore faux-bonds, et je n'en suis même pas étonnée. Je n'attends plus grand chose de son cœur !
CATACLOP... CATACLOP... CATACLOP. Un bruit de galop résonne. Je jette un coup d'oeil curieux par ma fenêtre. Beau mâle sur fier destrier... C'est moi qui me mets à baver ! Mon esprit et mon corps se mettent déjà à imaginer...
  • Holà Manante ! Je cherche ma princesse de la journée...
  • Je suis là Prince Charmant !
  • Sic ? Toi ? Tu plaisantes, tu n'es guère mon idéal féminin, pire tu es rousse !
Mon sang ne fait qu'un tour, la magie au bout de mes doigts se met à crépiter...
  • CASSES TOI pov'CON ! Et vite fait, avant que je ne te transforme
    en étron !
Ma colère est à peine calmée, un frappé léger à ma porte résonne.
BRAOUM...BRAOUM... BRAOUM !! (le Valentin frappe toujours trois fois)
  • Hey Maïa sors de là ! Passes-toi une guenille qu'on aille se prendre une pinte à la Taverne des Rescapés de la Mer. J'ai envie de mater de la gueuse !
Je rêve !! Je reconnais la voix de Jack. Quand je dis, que ce pirate d'eau douce est un goujat de première. Il ose se présenter à moi en cette splendide journée (enfin elle était supposer l'être) pour aller voir des stripteaseuses dans un bouge du port.
Cette fois, c'est sûr... Je vais le tuer !! J'ouvre la porte à la volée, et en reste ébahie... Habillé de cap en épée, triturant son tricorne d'un air enfantin, le regard brillant et la moue humide, il se lance :
  • Heu... Ma belle, ma douce sorcière... En cette belle journée quasi-printanière, voudrais-tu être ma chevalière ? (??)
Derrière lui s'étale un parterre de rose et lys, dont l'odeur m'entête rapidement. Une envolée de Pinson se fait des buissons. Il a même songé à apporter une minette soyeuse (et surtout courageuse) à Belzébuth (mon chat toujours en rut).
 
Et que voulez-vous que je réponde à ça !! Ben Oui, je suis allée diner aux chandelles sur son galion. Tant qu'au reste de la soirée... Comme il dit si bien :
- C'est une autre histoire...

dimanche 6 février 2011

Être au masculin

                                                
    • 4 gouttes de coloquinte
    • 2 plumes de corbeau blanc
    • 5 grammes de poudre de marlinfrinfrin
    • 1 ersatz de tabac,
    • ½ cuillère à soupe de sueur de Yeti
    • touillez avec les doigts, renifler comme il faut, y jeter une allumette et prendre en fumigation.

Oui, je sais, c'est guère ragoutant comme potion, mais que voulez-vous à la guerre comme à la guerre. S'il faut en passer par là pour comprendre ce que c'est qu'un homme. Je me jette dans cette incantation à âme perdue

              - Qu'à la lueur de la lune,
              j'oublie que je sois une,
              Pour qu'un, je deviens,
             Et que mon esprit soit sien.
Me voici attablé dans un vieux bistrot. Dans mon corps tout se transforme, mes épaules et mon torse deviennent carrés, mes muscles saillent sous mon tee-shirt. Je sens mes cuisses doubler de volume. Je jette un coup d'œil inquisiteur sur mon reflet qui se projète sur la fenêtre.
            - Ha ouais quand même !! Pas mal le mâle !

             J'ai accepté ce deal sauvage, lors de ma dernière visite à un vieil ami, qui ne comprenait pas ce qu'attendaient les femmes de lui. Charmeur au possible, gueule d'ange. Ce dernier abusait sans complexe de son charme et accumulait les conquêtes les unes après ou pendant les autres.
                 - Mais vous êtes quoi au juste vous les femmes ??? Vous nous dites un coup blanc, un coup noir. Dès qu'on pose les jalons de ce qu'on attend de notre histoire vous êtes OK, puis après c'est jamais assez !
Durant son monologue, j'observe mon vieil ami, sous son air bravache et malicieux, je sens le désarroi..
                - C'est vrai quoi ? Moi je les préviens, je leur fais des CDD de 3 mois, elles sont au courant, je ne donne que ce que je veux, ce que je suis ! Et, le pire c'est qu'elles sont toutes d'accord... Elles me clament bien haut qu'elles veulent garder leur indépendance, leur libre arbitre.
Je souris, malgré toutes ses conquêtes, il connait bien mal la femme et ses désirs les plus profonds... Mon statut féminin m'empêche d'intervenir et de prendre la défense de ma cause. Je sais d'emblée ce qu'il va rajouter.
                 - Et, puis ça ne rate jamais, je ne suis pas assez présent, je n'envoie pas suffisamment de messages, pas de fleurs, pas de cadeaux, de mots doux... Que je ne les prends que pour des objets. Qu'elles veulent une vraie relation, vivre avec moi...là tout de suite juste après quinze jours !!
C'est plus fort que moi, j'éclate de rire... Comment ne pas se reconnaître dans sa description des désirs de la femme. L'attente perpétuelle d'un appel, d'un sourire. S'empêcher de vivre normalement de peur de rater LE message qui nous donnera la pêche pour la journée entière !! Se désoler, se morfondre, se lamenter quand on pense être oublié ou délaissé... Toutes ses sensations que j'ai tellement connues, même sous mes airs de ne pas y toucher et de clamer ma liberté. Mon ami, me regarde une dernière fois avant de partir.
                - Je te jure ! C'est hyper contraignant une femme ! Pire qu'un animal de compagnie ! Et en plus ça parle !!
                - Dis-donc t'exagères pas un peu là ?! Je vais te faire une confidence... Une femme ne vit que pour être aimée !! C'est son plus grand désir, sa plus belle joie...
                - Fais-moi plaisir Maïa... Deviens un homme une journée, et comprends moi !

                 L'homme attend sa dulcinée, trois jours qu'il ne l'a pas vu. Leur dernière entrevue était une nuit de débauche, où même les draps ont eu du mal à s'en remettre. Il sourit à ce souvenir.
Elle arrive et s'attable auprès de lui, le dévorant des yeux. Attendant de sa part un mot doux, une déclaration... Elle oscille entre la tendresse, l'envie de lui caresser le visage et celui de lui rentrer dedans en l'insultant et le traiter de goujat, de salaud !!
Elle se lance dans un long monologue de jérémiades, de plaintes, de non attention à personne amoureuse... d'attentes non assouvies !!
Il ne dit mot, savoure d'un regard gourmand la femme qui dans ses bras s'alanguit. Les mots doux, les fleurs, les cadeaux, il s'en fout comme d'une guigne ! Il ne croit que ce qu'il ressent au fond de son coeur. Il est prêt à tout lui donner avec ses mots à lui, ses gestes...
Mais bon sang-de-bois, qu'elle arrête de se plaindre, de geindre, de pialler ! Ne peut-elle juste savourer le moment présent qui les portera vers d'autres émotions plus intenses....

                Le sortilège s'évapore. J'en ressors totalement épuisée !! Comprendre un homme et une femme en même temps, quelle horreur !! A qui je donnes tort ou raison ?! Je ne saurais vous le dire... Deux corps, deux entités, deux façons de penser !! Mon esprit s'envole... Mâge y-es-tu ?