lundi 3 mai 2010

Le Marquis


Venant de la classe sorcière de terre, donc du petit peuple, il m’arrive quand même de cotoyer quelques grands de ce nom. Lors de mes périples, voyages ludiques ou non, les rencontres s’amoncellent et me font un beau parterre de connaissances. Y fleurissent allègrement des scribes, mages, sorciers, inventeurs, enchanteurs... Et un Marquis !
Pardon, on ne se prive de rien chez Maïa ! Un marquis voyez-vous ça ! Hé oui, petit Marquis certes, mais Marquis quand même, avec le chateau qui va bien, les terres qui l’entourent, et les caves remplies je vous le donne en mille, de trésors vinicoles !

1er Mai oblige, chez moi c’est la tradition, j’invite toute ma tribue à fêter ce soltice ! Convois de balais jusqu’à ma chaumière, débauches de bouteilles, de rire, de bonne ambiance ! Les voisins s’invitent, les échanges vont bon train, les langues et le gosier aussi. Mon marquis arriva en calèche premier prix, le balai lui ça ne le tente pas de trop (sans doute un problème d’équilibre dû à trop de dégustations). Sa venue est toujours très attendue. Tout le monde l’adore mon Marquis. C’est vrai qu’il est gentil, et plutôt beau gosse si vous voyez ce que je veux dire. J’en connais certaines d’entre vous qui attendent des détails... Certes, certes, je m’empresse de vous les donner. Belle gueule aux yeux noisettes, un regard à vous donner la fièvre, une moue tentante, un petit cul haut et ferme... Les muscles bien dessinés... Et des dents quelque peu effilées... Et puis très poli avec ça ! Il ne mange pas avec ses doigts lui !

Epicurien, homme de la terre, il savoure les mets les plus divers, l’entendre parler de vins est un enchantement, mes invités sont à chaque fois ensorcellés. Bien évidement qui dit bien naît, dit cultivé... Donc les conversations vont bon train, on écoute Monsieur le Marquis avec attention. Les femmes déjà se pâment... Arrrgh, qu’il est beau le Marquis, surtout quand il sourit et rit à gorge déployée. Son rire est une cascade tonitruante qui vous emporte dans de sacrés fou-rires...
Comme la tradition, le veut, le 1er mai, c’est randonnée, pour terminer à plus de 700 mètres d’altitude dans nos montagnes d’Euskadi pour profiter d’un bol d’air pur venant de l’océan, et d’une vue imprenable à 360° sur le paysage environnants. Tout le monde attaque la montée (45 minutes de marche quand même, des côtes que même un pottok hésite à grimper). De petits groupes se forment, ça papote dans les rangs, ça rie, ça s’époumone dans la montagne. Au bout de dix minutes... Plus de Marquis ! Mais ou est-il passé celui-là ? Il ne connait pas le chemin, pourvu qu’il ne se paume pas dans la brousse. Au bout d’une demi-heure on le revoit arrivé...
• Ben c’est ou ? y a rien ? la route continue toujours ? j’ai faim, c’est encore loin ?
C’est vrai qu’on en est au troisième col... et ça monte toujours. Et puis au Marquis, on lui a promis de l’agneau cuisiné d’une certaine façon. Et le grand air, ça ouvre l’appétit !!
Ca y est, nous y voilà. Malgrès les nuages, la vue se dévoile à nous. J’ai beau y être habituer, j’en reste toujours schotchée.
• Oui c’est beau, on verra ça plus tard... On va manger nous dit le Marquis d’un tom péremptoire.
L’homme a faim. C’est vrai qu’en y regardant bien, les canines s’allongent et se font luisantes. De mon index, je me tapote les lèvres en lui faisant signe de les cacher un peu mieux. Les autres vont finir par le remarquer.
• A TAAABLE ! s’époumone le cuistot.
Telle une volée de moineau, nous voici tous à table sous le auvant de la borda. Fourchettes et couteaux en avant. Je me cale à côté de mon Marquis. Qu’il retienne encore un peu son appétit, et ne me dévore pas une des femmes de la salle, qu’il lorgne d’un regard concupiscent posé sur la nuque dégagée.
• Ranges tes dents, un peu mieux... ça va finir par se savoir !
Il me regarde d’un air contrit. Soudain, ses narines s’écartent, son regard se fixe... Le plat arrive. A peine, posé sur la table, pas le temps d’esquisser un geste que le Marquis s’est jeté sur la pitance, qu’il dévore goulument. Les autres en sont abasourdis. Le cuistot ramène aussi sec, un second plateau pour le reste de la tablée.
J’en surprends à chuchoter. Mais quel est-il ce drôle de Marquis qui devant un plat d’agneau en oublie la bienscéance.

4 commentaires:

Virginie a dit…

Et bien tu connais du beau monde, un marquis et celui là ne serait il pas plus proche de Sade que de Carabas !!! Il est enchainé le pauvre :)
Je suis un peu essoufflé, 700 m tout de même ! Il n'y a pas que la mer, la montagne c'est bien pour un sorcière aussi !!!! Trés beau récit, très enjoué !!!! En aout je penserais à toi,je vais voir les pottok du côté de Biarritz !!!
Je t'embrasse bien fort !!

Le marquis pourrait être un loup aussi !!!

Maia Luna a dit…

hoo ben si tu viens, fais nous un petit coucou...
Hé non, le Marquis n'est pas le loup... c'est bien un personnage à part... à qui nous allons rendre visite en son chateau bientôt, donc il va y avoir de nouvelles histoires sur lui...
Muxu Ma Virginie.

Rackham Le Rouge a dit…

Une histoire de marquis, ça change des sorcelleries habituelles même si je préfère...^^
Très joliment écrit !

Muxu, comme tu dis...
Jack

ysa a dit…

Il ne semble s'intéresser qu'à la nourriture ton marquis, à moins qu'il ne garde les fruits défendus pour son dessert ?