dimanche 22 avril 2012

Par le petit bout de la lorgnette... ou l'expérience d'un savant fou !



Voilà la sorcière épinglée à mon tableau de chasse. Elle est du plus bel effet dans mon cabinet de curiosités... Après trolls, licornes... et autres bestioles du Monde de Faërie... Je détiens enfin une sorcière. La demoiselle se tortille comme un beau diable, voulant à tous prix échapper à l’œil inquisiteur de chercheur que je suis.

Il faut dire que depuis le temps que je suis ses aventures rocambolesques, ce drôle de bout de femme m'interpelle. Après maints pièges évités, elle tomba ENFIN dans mes filets. Je me frotte les mains à l'idée de pouvoir l'étudier, la décortiquer... C'est qu'elle m'agace sérieusement avec ses grands airs de femme libérée. Toujours en récriminations... En mode séduction... à courir partout, dans tous les sens, avec ses beaux rêves et ses belles espérances !

Analysons la chose de plus près... Microscope s'il vous plait.

Elle se dandine dans tous les sens, le lançant des imprécations.
  • Chante ma Belle, chante !! Ton secret va m'appartenir !!
A cette sorcière, ôtons lui son sourire taquin et son rire tonitruant – déjà ça fait plus sobre ! Dépouillons-là de son esprit contradictoire et ses coups de gueule retentissants – un peu de silence (ça fait du bien).
Hooo... et puis son humour à deux balles aussi... foutons le dehors !
Extirpons également l'hyper-activité dont semble prise frénétiquement la dame.
Arrachons lui sa magie, ses tours et sortilèges.

Haaa tout de suite, ça le fait moins bien hein ? On a quelque chose de plus... de moins... excentrique ! ça calme !!

Elle se tient devant moi, encore fière, le regard rempli de révolte. Sans la déshabiller, je la mets à nue devant moi. Je me fous comme d'une guigne de ses apparats. Je veux savoir ce qu'elle est vraiment ! Je n'ai aucun cœur, aucune sensibilité. Je veux savoir de quel bois, elle est constituée. Grattons donc ce vernis de fierté. Les couches se déroulent comme un ruban de satin (j'aime bien paraître poète à mes heures).

Au fur et à mesure, elle semble se recroquevillée, se refermer sur elle-même. J'ai fait tomber ses défenses, sans rien d'autre que mes instruments.

  • De quoi donc as-tu peur petite sorcière ?

Je vois passer dans ses yeux de l'effroi. Dans un dernier élan, elle se redresse et me fait front. Au-delà de la fierté, c'est l'orgueil d'une femme blessée que je reçois en plein visage. Soudain, je suis bouleversé. Dans mon esprit, virevoltent ses tragédies, ses angoisses, ses peurs... je perçois son désarroi, ressens ses sanglots. Mon estomac se convulse. Serait-ce un de ses tours d'ensorceleuse ? Je jette un regard sur ma table de travail. Toute sa carapace et sa magie gisent dans un plateau d'argent. Il n'y a devant moi plus que ce qu'elle est réellement.

Mon cerveau m’envoie l'onde de ses sentiments... tel un écheveau qui se délite, ils défilent devant mes yeux abasourdis. Je me retrouve suspendu au-dessus d'un énorme puits noir sans fond, ressentant sa peur du vide si prégnante. Pas de vertige... Non le vide dans sa vie ! L'angoisse de ne pouvoir aller jusqu'aux bouts de ses rêves. Tels des serpents, ses peurs les plus grandes rampent sur ma peau pour ne laisser que froid et douleurs. Aurais-je été trop loin ?

Pourtant tremblotante, dans un coin... une petite lueur. Si faible, mais tellement présente. Elle s'y accroche bec et ongles. L'espoir ! L'espoir d'y arriver. L'intensité de la lueur se renforce... l'amour vient en renfort. L'amour qu'elle a pour les siens, l'amour qu'elle offre à tour de bras à tous ceux qui en ont besoin. L'amour dont elle a besoin pour survivre... Malgré la malédiction qui l'emprisonne, elle ne demande qu'à croquer à pleines dents la vie. Profiter de chaque moment passé.

Me serais-je donc trompé sur cette sorcière ?! Moi si sûr de ma science... Si terre à terre. J'ai voulu lui arraché ses magies, voulant prouver au monde entier qu'elle n'était que faux semblants...
Grossière erreur que j'ai commise là. Je me retrouve dépité devant tant de fragilités, à vouloir la prendre dans mes bras et la protéger. Ha ça, il a l'air fin, le grand chercheur de vérité !!

Moi, si sûr de mon savoir, je m'excuse platement d'avoir absolument chercher à savoir. Je lui remets penaud ses atours. Évitant de froisser davantage sa personnalité. Je décide de la relâcher.

Totalement ébranlé, je lui tiens la porte respectueusement pour qu'elle regagne sa liberté. Sans aucun mot, hormis un regard de dédain, elle partit laissant un affreux vide... Celui dont elle a tant peur.

Avis aux scrutateurs... aux chercheurs... il vaut mieux laisser en paix, les secrets de sorcière !!

1 commentaire:

Rackham Le Rouge a dit…

Un mage a piqué ton mot de passe pour publier le résultat de tes expériences...Ma foi, c'est bien écrit et mérite détour !:)
Mais "par le petit bout" lorgnette ou pas, tu es une vraie gredine et c'est pour ça qu'il t'aime ton pirate !
Besos ♥♥
Jack