mercredi 19 janvier 2011

LA LUNE DU LOUP


Un frisson glacial me parcourt le dos de bas en haut. Sur mon échine, les poils se dressent. Une prémonition inquiète me traverse un temps l'esprit. Serais-je donc en danger ? Dans cette nuit illuminée par la plus pâle des lunes de l'année, j'attends patiement que mon heure arrive. Abritée, dissimulée sous un épais fourré,je dresse l'oreille au moindre bruissement de la forêt. il est dit tellement de légendes sur cette nuit...

Que même une sorcière aguerrie s'en méfie !

La lune du Loup, la nuit la plus redoutée des humains et des bergers... Autrefois, les loups à cette époque lors de grands froids sortaient des bois pour se rapprocher des maisons à la recherche de nourriture...
Ce sabbat ne sera pas comme les autres.
Point de chaudes retrouvailles, ni de belles ripailles. Au fin fond de l'hiver, c'est un sabbat solitaire.

Celui que toute sorcière doit accomplir lors de cette lune blafarde. La communion avec les éléments, laisser vagabonder son esprit jusqu'à rencontrer celui du Loup. Se laisser envahir par sa soif de liberté, par l'esprit de la meute.Mais des loups ici, il n'y en a plus guère. La bêtise a fait que un à un, on les a éliminés. La peur de la bête, nous a rendu faible, et plutôt que de les comprendre, on les a éradiqués ! ça va être coton pour mon sabbat...

Malgré le froid qui s'empare de mes membres et me laisse à demi engourdie, je reste vigilante sur ce qui m'entoure. Loin de moi l'idée, de me faire surprendre par le fauve... Tous mes sens sont en éveil. Je laisse glisser mon esprit, mon ouie se fait plus fine, au delà du vent dans les branches, je distingue le pas pesant d'un cerf et la chasse d'une chouette. Jusqu'à mon nez vient flotter l'essence humide de la mousse. La lune poursuit son chemin dans le ciel polaire et étoilé. Cette attente, me ronge les sangs. Mon loup sera-t-il au rendez vous ? Pour tromper mon impatience, dans mon esprit je fredonne la célèbre comptine..."Loup y es-Tu?"

La peur qui sourdait en moi, se fait plus violente, plus présente. Mon corps se tend comme une corde prête à rompre. Je sens une présence. Un esprit rôde jusqu'à m'effleurer. J'essaye en vain de me détendre. Un craquement léger sur ma droite se fait entendre. Un halètement court, preuve d'une course résonne à mes oreilles. Il est là, devant moi !

Ce corps superbe fait pour la course, la chasse. Les oreilles sur le qui-vive, le regard affuté. Cette fourrure grise dans laquelle j'ai envie de glisser mes mains. Je sourie, je savoure... Il vient s'allonger devant moi, le museau entre ses pattes, son regard vert planté dans le mien. Le temps s'est arrêté. je n'ose bouger, lui parler, le toucher.

Une brume légère s'élève de son corps. Au fur et à mesure qu'elle s'élève, elle prend l'apparence d'un corps, un visage se dessine. Il me rappelle étrangement quelqu'un. Dans mon esprit, la voix s'élève :

- Maïa... Je suis là ! Mon âme est liée à toi à tout jamais. Tel Merlin en a décidé. Durant cette lune uniquement, nous pourrons nous lier, mon esprit de loup et d'homme ne font qu'un.

Le loup de Merlin, Mon Loup...

Mon sabbat est terminé. Pour le revoir, et de nouveau l'aimer, je vais devoir attendre une année.

1 commentaire:

Rackham Le Rouge a dit…

Joli conte, ça vaudra le coup d'attendre...

Je connais un autre loup, tricorne en pointe, barbe taillée, oeil nonchalant et hamac couinant. Il va attendre le prochain vol de ton balai par ici, au cas où...

Besos tite sorcière !
Jack